LES VERNON, GRAVEURS ET FAIENCIERS EN ANGLETERRE, EN RUSSIE ET EN FRANCE      319

certaines à l'initiative d'étrangers. Ce fut le cas pour celle de Verbilki créée par un anglais, Francis Gardner, en 1766. Au début du XIX^ème siècle, elle passa aux mains des petits-fils du fondateur, Pierre et Nicolas, tout en restant sous la direction de leur mère Sarah. Elle était en 1850 la propriété de Vladimir et Alexandre Gardner (25), ceux que le Mémoires appelle «les M.M. Gardner». La fabrication dans l'essentiel comporta au XIX^ème siècle trois catégories : produits décorés dans le style russe, pièces s'apparentant aux modèles anglais ou français, statuettes représentant des personnages populaires. Le décor comportait notamment des tulipes, des roses, des dahlias fréquemment groupés artistement en bouquets. Il nous a été impossible, en dehors des affirmations de Charles Vernon, de retrouver trace de l'action de son père Georges Vernon. Cependant, il faut verser au dossier deux certitudes: l'appel fait entre 1850 et 1865 de maîtres étrangers (26) et la mise en fabrication de la porcelaine opaque (27). Or, comme nous l'avons vu ce type de céramique était à n'en pas douter une des spécialités des Vernon, ce qui permet de supposer que ce fut l'une des raisons de sa venue en Russie. Bien que retourné passer six mois, en 1865, chez les «Messieurs Gardner qui auraient désiré le garder toujours près d'eux, ayant apprécié ses capacités et son honnêteté», il ne se laissa pas tenter par la situation «superbe pour l'époque qui lui était offerte et qu'il aurait volontiers accepté car il se plaisait beaucoup en Russie, dans cette famille très accueillante» car son épouse ne voulut jamais consentir à quitter la France ni à s'éloigner de sa famille.

           Il alla donc, de 1863 à 1865, remonter une fabrique de faïence à Roquevaire (28), proche Marseille, probablement celle de Glize et Niel qui était spécialisée dans la porcelaine opaque (29). Nous le retrouvons à son nouveau retour de Russie à la faïencerie de Choisy-le-Roi (30), où il fut engagé comme directeur de fabrication. Il s'agissait là d'une fabrique créée au début du XIX^ème siècle par les frères Paillart (31) sur l'emplacement de l'ancien château royal. Elle advint ensuite aux mains de la famille Boulenger et tout précisément le 1^er janvier 1863 à celles d'Hippolyte Boulenger,

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25. Actuellement Fabrique de porcelaine d'Etat de Dimitrov.

26. E. Gollerbach et M. Farmakovski, La porcelaine d'art russe. Recueil d'articles sur la manufacture de porcelaine de l'Etat. Leningrad, 1924, in-fol. Toute notre gratitude est acquise à notre confrère Madame F. Avril, conservateur a la Bibliothèque nationale, qui a bien voulu nous traduire divers passages d'ouvrages en langue russe.

27. B.N. Emme, Rousskü Khotldojestvennyi farfor [La porcelaine russe artistique]. Moscou, 1950. - A.B. Saltykov, Rousskia Keramica [La céramique russe du XVIIIème et XIXème s.]. Moscou, 1952. - Russian porcelain in the Hermitage collection. Leningrad, 1973. - Qu'il nous soit permis d'exprimer notre reconnaissance à M. le Professeur Francois-Xavier Coquin, maître de recherches au C.N.R.S., qui, grâce à sa connaissance approfondie de l'histoire de Russie a bien voulu nous aider dans notre travail.

28. Bouches-du-Rhône.

29. Madame A. Villard, conservateur en chef, directeur des Archives des Bouches-du-Rhône, nous a fort aimablement communiqué ces éléments. Nous l'en remercions bien vivement.

30. Essonne.

31. P. Alfassa, op. cit. - H. Sarriau, op. cit., p. 164-167. - Dr Thore, Les anciennes fabriques de faïence et de porcelaine de l'arrondissement de Sceaux. Paris, 1868, p. 23-24.