LA MANUFACTURE DE FAIENCE ET DE PORCELAINE DE FISMES (MARNE)      161

dépendances d'une contenance de quatre hectares, appelé les Trois Moulins du Pont Neuf ou le Moulin du Pont Neuf. Placé à 500 mètres de la sortie de la ville de Fismes sur la Route impériale n° 31 de Reims à Rouen, il avait ses bâtiments compris entre le lit de la rivière d'Ardre et la route, à 200 mètres en amont du confluent de la Vesle et de 1'Ardre (14).

           Les nouveaux locataires n'étaient pas comme antérieurement des meuniers (15), mais deux fabricants de faïence, de Longwy, Georges Vernon père et Georges Vernon fils. Leur intention étant d'installer une manufacture de faïence et de porcelaine, la propriétaire s'engageait à dépenser 25000 francs en constructions nouvelles, tandis que les Vernon acceptaient de payer un loyer annuel de 5700 francs.

           Cependant, la chute d'eau (16) ne donnant pas toute la puissance nécessaire «à broyer les matières nécessaires à la fabrication de la faïence et de la porcelaine», G. Vernon sollicita du service des Ponts et Chaussées l'autorisation de relever le niveau de la retenue des eaux, ainsi que de celui du déversoir et du vannage et la création d'un canal évacuateur sur la rive gauche du bief. L'année 1853 fut employée à enquêter et à recevoir les doléances des voisins, en particulier de la Vve Fournier et de Victor Lecœur (17), respectivement propriétaire et locataire du Moulin Neuf, placé en amont, à quelques 800 mètres. Ce dernier craignait que le relèvement du niveau de la retenue du Moulin du Pont Neuf ne fit «butter les eaux dans sa roue à lui». L'accord cependant se fit et le règlement d'eau du 24 octobre 1853 autorisa les travaux dont le récolement eut lieu seulement le 7 septembre 1855 (18).

           Les travaux d'hydraulique et les constructions nouvelles durent être poussés pendant la fin de l'année 1853 et le début de 1854, nécessitant l'investissement de capitaux importants. Les Vernon père et fils, par sous-seing privé des 4 et 8 mars 1854, inséré au rang des minutes de Me Barbey le 11 du même mois, formèrent alors entre eux, sous la raison sociale Vernon père et fils, une société en nom collectif et en commandite, ainsi qu'avec diverses personnes parmi lesquelles nous connaissons Thomas Hurst, propriétaire à Chantilly, et Elias Martyn, propriétaire à Carthew (Angleterre).

           Prévue pour une durée de 18 ans à commencer le 1er septembre 1853, donc avec effet rétroactif coïncidant avec le début du bail de l'usine, elle devait s'achever le 1er septembre 1871. Les commanditaires apportaient 100000 francs et la signature sociale était dévolue aux deux gérants Georges Vernon père et Georges Vernon fils, «seuls et chacun isolément».

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  1. Arch. Marne, S 1709 et 1710.

  2. Antérieurement à 1850, la richesse de la ville de Fismes reposait sur ses moulins à farine et son commerce des céréales.

  3. Le règlement d'eau avait été fixé par arrêté préfectoral du 28 septembre 1819 (Arch. Marne, S 1709).

  4. Locataire en vertu d'un bail du 10 décembre 1850 (Arch. Marne, Q, Enregistrement, Fismes, Actes civil, vol. 158, f° 119r°).

  5. Tous les éléments ont été puisés dans les liasses S 1709 et 1710 des Archives de la Marne.