LES VERNON, GRAVEURS ET FAIENCIERS EN ANGLETERRE, EN RUSSIE ET EN FRANCE      317

           En 1816, le principal actionnaire Charles-Alexandre Saint-Cricq-Casaux secondé par un anglais Bagnall, spécialiste dans l'art de la faïencerie, avait donné un vif essor à ce type de production. La manufacture après sa fusion avec celle de Montereau avait été exploitée par Louis Lebeuf et Thibault. A la mort de ce dernier en 1833 et jusqu'en 1840 (11), les productions reçurent la marque de Saint-Cricq et Casaux pour, après cette date, exactement en 1841, prendre celle de Lebeuf, Milliet et Cie.
           Georges Vernon qui avait probablement travaillé de son métier de graveur à Paris depuis son arrivée en France, fut «attiré par les propriétaires de cette fabrique, chez lesquels il s'est d'abord occupé de gravures de planches pour le décor des porcelaines». Il en devint directeur (12) en 1836 et prit comme sous-directeur, en 1841, son fils prénommé également Georges, âgé seulement de 19 ans à cette époque (13). Il est certain que la venue de Georges Vernon I à la fabrique de Creil avait été motivée par le désir d'utiliser ses connaissances techniques. En l'absence d'une étude détaillée sur la faïencerie de Creil, on peut avancer que les recherches qui y étaient poursuivies pour l'obtention de la «faïence anglaise», s'intensifièrent pendant la période ou Georges Vernon fut directeur, c'est à dire au moins de 1836 à 1850. Les prix et médailles remportés à diverses expositions en 1834, 1839, 1844, 1849 par cette «porcelaine opaque», ou «faïence fine» en sont la preuve et montrent que le succès avait couronné les efforts. Il en fut de même de l'obtention des décors par le procédé par impression où les graveurs sur cuivre, qu'il s'agisse de Georges Vernon ou de ses compatriotes, étaient à la base du travail (14). N'était-on pas «parvenu à imprimer sur faïence aussi facilement que sur papier» (15). Et c'est ainsi que la production de Creil faite de terre fine légèrement rosée, avec adjonction au cours du siècle de kaolin, fut décorée de guirlandes de fleurs, de branches de vigne, de diverses impressions vert émeraude et de dorure (16).
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  1. A. Saint-Cricq décéda le 24 juin 1840.

  2. Par le recensement de 1851, le seul qui en France fournit des renseignements d'ordre confessionnel, nous apprenons que Georges Vernon fils était de religion protestante.

  3. Ces dates sont inévitablement approximatives, car les éléments ont été relevés sur les listes nominatives des recensements de la population de la ville de Creil, opérations qui avaient lieu tous les cinq ans (Arch. Oise, M, Recensements de la population).

  4. Comme on a pu le constater, on était graveur de père en fils dans famille Vernon. A ce propos, signalons qu'un des fils de Georges Vernon et d'Hannah Simpson, prénommé Thomas, fut un graveur renommé, spécialisé dans la gravure de sujets religieux et de portraits (E. Bénézit, Dict. des peintres, sculpteurs... et graveurs, nouv. ed., Paris, 1960, in-8°, t. VIII, p. 535.)

  5. Edouard Garnier, Dictionnaire de la céramique (Paris, 1893, in-8°, p. 49) d'après un Avis commercial.

  6. Sur cette fabrique qui mériterait une étude détaillée, on peut consulter : Précis statistique sur le canton de Creil, arrondissement de Senlis, dans Annuaire de l'Oise, 1828, p. 339-342. - Statistique industrielle du canton de Creil à l'usage des manufacturiers de ce canton. Senlis, 1826, in-8°, p. 1-56. - Henri Sarriau, Musée centennal de la classe 72 à l'Exposition industrielle de 1900, à Paris. Céramique. Rapport du Comité d'installation. Paris, 1900, in-4°, p. 149-150. - L.-G. Villeroy, Creil et ses environs. S.1., 1971, in-8°, p. 325-333. - Maddy Aries, Cent ans de faïence creilloise. Saint-Leu d'Esserent. 1972.